Les membres de l’ILC utilisent différentes stratégies pour choisir les communautés avec lesquelles ils travaillent et garantir leur participation aux processus décisionnels communautaires. Quelle que soit leur région d’intervention, ils ont pris les mesures suivantes pour garantir la réussite de ce processus.
Cette « note pratique » fait suite à un échange de réflexions collectif organisé lors du deuxième atelier de l’Initiative communautaire d’apprentissage en matière de protection des terres (Community Land Protection Learning Initiative), en juillet 2019. Des membres du monde entier y ont participé : RMI, JKPP, RRF, Observatorio Ciudadano, ICCA, IIED et NAMATI. Cette note fait partie d’une série de cinq.
L’INITIATIVE COMMUNAUTAIRE D’APPRENTISSAGE EN MATIÈRE DE PROTECTION DES TERRES APPORTE AUX MEMBRES DE L’ILC LES COMPÉTENCES PRATIQUES NÉCESSAIRES À L’AUTONOMISATION DES COMMUNAUTÉS, POUR QU’ELLES PUISSENT DOCUMENTER ET PROTÉGER LEURS DROITS FONCIERS.
COMMENT CHOISIR LES COMMUNAUTÉS AVEC LESQUELLES TRAVAILLER ?
LA CONFIANCE ET LE RESPECT MUTUEL SONT ESSENTIELS
La confiance et le respect mutuel constituent le fondement des bonnes relations avec les communautés. Lorsqu’une communauté demande de l’aide à une organisation de la société civile, elles doivent impérativement, pour pouvoir travailler ensemble, établir des rapports de confiance et de respect mutuel. OC privilégie les rapports fondés sur le respect mutuel et la confiance en mettant en avant les contributions et idées des communautés, même lorsqu’elles diffèrent des siennes, ce qui a conduit à la naissance d’une vision collective relative aux stratégies à mettre en place pour défendre les droits fonciers communautaires.
LE TYPE D’AIDE REQUISE ET LE CONTEXTE FONT TOUTE LA DIFFÉRENCE
CSRC travaille avec les communautés à la fois sur des campagnes et des projets. Dans le premier cas, les communautés qui la contactent lui demandent souvent une aide en matière de ressources humaines, sous forme de facilitateur·trice, réduisant ainsi les conséquences financières. Le travail lié aux projets, quant à lui, suppose généralement de mener une étude exploratoire visant à déterminer les domaines de travail potentiels et à identifier d’autres indicateurs susceptibles d’affecter le projet. Citons par exemple le degré de volonté de la communauté de participer au projet, l’ampleur du litige foncier et l’appui des autorités locales.
GARANTIR LA DISPONIBILITÉ DE RESSOURCES EFFECTIVES
Pour être mis en œuvre avec succès, les projets communautaires nécessitent d’être financés. RMI travaille avec les communautés dont le travail est aligné sur leur orientation programmatique, afin de réduire les difficultés liées à la mobilisation de ressources. JKPP encourage les pouvoirs publics à financer certains programmes, tels que la cartographie participative, et les autorités locales ou la communauté à apporter des contributions en nature pour couvrir les frais liés à la nourriture, l’hébergement et le transport. Au Chili, OC mobilise les contributions en nature des communautés autochtones, y compris leur temps, leurs connaissances traditionnelles et leurs plateformes pour organiser des réunions.
COMMENT GARANTIR LA PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE ?
DONNER LA PRIORITÉ AUX INDIVIDUS
La participation active de la communauté aux activités de cartographie est une priorité du travail de JKPP. L’organisation mène une évaluation pour s’assurer de bien nouer le dialogue avec les individus ciblés, qui sont souvent des personnes pauvres, et non des élites sociales cherchant à promouvoir leurs propres intérêts. Pendant l’évaluation, elle contacte les dirigeants communautaires pour garantir que les anciens, les jeunes et les femmes soient bien représentés. Dans les cas où lesdits dirigeants sont corrompus ou poursuivent un intérêt personnel, JKPP mobilise directement la communauté si celle-ci est forte et motivée et prévoit d’utiliser la carte de façon significative.
S’APPUYER SUR LES CONNAISSANCES LOCALES
Souvent, les communautés autochtones se connaissent, et connaissent les paysages sociopolitiques qui les caractérisent. OC s’appuie sur les connaissances intracommunautaires pour élaborer des stratégies de participation communautaire. Plus important encore, OC joue un rôle de facilitateur, et permet aux communautés de résoudre leurs conflits. À l’aide de différents outils tels que des ateliers d’apprentissage juridique ou des réunions communautaires, OC encourage les communautés à participer à la résolution de leurs conflits et à la protection de leurs droits fonciers communautaires.
MOBILISER LES DIRIGEANTS COMMUNAUTAIRES
Les dirigeants communautaires ou les élites, qui sont souvent des oligarques, peuvent aider à identifier les besoins au sein de la communauté, en dépit de la poursuite de leurs intérêts personnels. RMI a appris à travailler au sein de ce système, en obtenant, en tout premier lieu, le consentement des dirigeants communautaires concernant les besoins du village. L’organisation approche ensuite les membres de la communauté et les encourage à partager leurs idées. RMI utilise des systèmes tels que le porte-à-porte pour parler aux membres de la communauté et garantir leur participation active aux processus décisionnels. Les informations ainsi réunies sont ensuite partagées à l’occasion d’une assemblée avec la communauté et ses dirigeants. Dans les communautés traditionnelles, les personnes expriment rarement en public leur mécontentement vis-à-vis des dirigeants. Les informations collectées auprès de la communauté servent ainsi de plateforme pour exprimer les contestations et les besoins communautaires.